Entre 2010 et 2020 les prix du logement ont augmenté en moyenne de 28% en Europe.
Durant la même période les prix du logement ont augmenté en moyenne de 89% au Luxembourg1, une augmentation 3 fois plus importante. Le Luxembourg est ainsi le 5ème pays en Europe avec la plus grande augmentation de prix sur cette période.
Cette crise du logement se définit par une pénurie de logements décents et abordables.
Cette crise touche toute la population, alors pourquoi c’est une revendication féministe?
L’accès au logement est une revendication féministe car …
1 – Les femmes gagnent moins que les hommes
Au Luxembourg
- Si l’on compare le salaire annuel global, les femmes gagnent 7,2% de moins que les hommes2 (2021). Cet écart est faible par rapport aux autres pays d’Europe, où la moyenne est de 19,1%, mais cela est dû en partie au fait que la moitié des Luxembourgeois travaillent dans le secteur (semi-)public (2019)3, et que les salaires sont élevés dans ce secteur et sont réglementés.
- Si l’on compare la pension annuelle, les femmes gagnent 43% de moins que les hommes4 (2018). L’écart le plus important en Europe, où la moyenne est de 30%.
- 6 fois plus de femmes travaillent à temps partiel que les hommes (36% vs. 6%)2
Ce temps partiel est souvent subi dans les secteurs qui ont une surreprésentation de femmes, tels que le secteur de l’entretien. - Les ont plus fréquemment des salaires très bas, les hommes ont plus fréquemment des salaires très élevés (2021)2.
- Une femme manager gagne en moyenne 29% de moins qu’un homme manager2
Les femmes gagnent moins que les hommes et payent donc proportionnellement plus pour se loger. dans un pays où les prix du logement ne cessent d’augmenter.
2- La plupart des familles monoparentales sont des femmes, et celles-ci ont un risque de pauvreté beaucoup plus élevé
- 10% des familles avec enfants sont des familles monoparentales, et ce chiffre est en hausse.
- 93% des familles monoparentales sont des femmes (2018)5
- 40,7% des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté (2018)5
- 63% des familles monoparentales perçoivent la charge financière du logement comme étant importante. Les coûts du logement représentent 42.1% de leur revenu brut. 6
Les ménages monoparentaux – en grande majorité des femmes – ont un risque de pauvreté 2 fois plus élevé5 que les ménages composés d’un couple avec au moins un enfant. Rendant ainsi de part leur revenu limités l’accès au logement plus difficile.
3 – Les victimes de violences domestiques – en majorité des femmes – doivent souvent choisir entre la précarité et la violence
- Selon les interventions de la police pour des cas de violence domestiques 60,28% des victimes sont des personnes de sexe féminin (2020)7
- On constate actuellement une augmentation des cas de violence domestique. Rien qu’en 2020, une augmentation de 11,07% par rapport à 2019 d’intervention de police pour cause de violences domestiques, a été enregistré*
Le problème est que les victimes de violence domestique sont souvent à court de solutions car les logements d’urgence sont limités. Seulement les cas les plus urgents reçoivent un logement, les autres sont forcées à rester avec leur agresseur car elles ont besoin d’un logement.
Pour les victimes de violence domestique – en majorité les femmes – la problématique du logement est d’autant plus importante car elles en ont besoin pour quitter la situation de violence dans laquelle elles se trouvent.
4 -Face à une offre de logement limitée les propriétaires ont tendance à choisir plûtot un homme qu’une femme.
Face à une multitude de choix de locataires, les propriétaires vont plutôt avoir tendance à choisir une personne avec un salaire plus élevé, qui travaille à temps plein et qui n’a pas d’enfants à charge. Toutes des conditions qui peuvent faire que le choix va davantage se porter sur un homme célibaire, qu’une mère célibataire et ses enfants. Les femmes qui “cumulent” les discriminations ont souvent un accès encore plus limité au logement. Telles que les femmes sans papiers, migrantes, LGBTIQ+, handicapées etc.
Face à une abondance de choix de locataires, les propriétaires se tournent plus vers les hommes que les femmes.
Alors oui l’accès au logement est une revendication féministe mais quelle solutions avons proposons nous?
Face à la crise du logement, le gouvernement actuel a déjà mis en place des mesures afin de lutter contre la hausse des prix et de permettre la création de plus de logement abordable. Il s’agit cependant ici de mesures à long terme, qui ne permettent en aucun cas de venir à l’aide à des personnes qui se voient actuellement confrontés à des situations urgentes en matière d’accès au logement.
C’est pourquoi la JIF fait appel au gouvernement pour procéder à des mesures à court terme et à moyen terme pour lutter contre les conséquences qui touchent essentiellement les plus vulnérables:
- Garantir le droit au logement abordable et décent au niveau constitutionnel, pour tous les résidents et non seulement pour les luxembourgeois
- L’instauration d’un système de candidature neutre sur le marché du logement pour réduire les discriminations.
- Mise en place d’une aide financière spéciale dédiée aux monoparentaux et victimes de violence domestique afin de faciliter l’accès au logement
- Blocage temporaire de la deuxième voire troisième acquisition de propriété par des personnes physiques ou morales (modèle suisse)
- Moratoire des expulsions pendant toute la période de la crise sanitaire
- Plafonnement des loyers
- Augmentation des pourcentages prévu par l’article 29 du pacte logement 2.0 pour la création de logement abordable
- Mobilisation forcée pour la création de logements abordables sur les terrains constructibles dont les communes sont propriétaires
1 Source: Eurostat: House price index (2015 = 100) – annual data – Lien
2 Source STATEC: Lien
3 IGSS: Lien.
4 Eurostat: Lien
5 Source: STATEC: Lien
6 STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC Lien
7 Source: Gouvernement luxembourgeois Lien