La crise sanitaire liée au Covid-19 que nous traversons à une échelle mondiale depuis mars est devenue un révélateur des injustices socio-économiques partout dans notre société. Le Luxembourg n’est pas une exception.
Cette pandémie vient reproduire et aggraver les inégalités de genre et la violence envers les femmes, ainsi que la marginalisation des publics déjà vulnérables: les personnes sans domicile fixe, les migrantes en situation irrégulière, les demandeurs d’asile et réfugiés. À travers cette crise, on a pu constater que le travail rémunéré des femmes se concentre davantage dans le secteur des soins ou dans des services où les conditions de travail ne sont souvent pas stables ou proprement rémunérées.
La première ligne dans la lutte contre la crise sanitaire a été assurée par des secteurs traditionnellement considérés comme étant “féminins”, tel que le secteur de la santé, le secteur de l’action sociale, où les femmes constituent 76% des salariées, et dans le secteur du Nettoyage, où les femmes représentent 83% du personnel et dont 75% sont issues de deux nationalités: portugaise et françaises. Même si, dans le secteur de la santé par exemple, les infirmières et les travailleuses d’aides et des soins ont été mises à l’honneur, les conditions de travail sont souvent très épuisantes. À savoir que récemment, eu vue de l’augmentation exponentielle des chiffres de nouvelles infections Covid-19, il est désormais possible pour les employeurs de ces secteurs de solliciter une autorisation pour faire travailler le personnel en question jusqu’à un maximum de 12 heures par jour et donc, 60 heures par semaine. Cette loi se prolonge jusqu’au 31 décembre 2020. Aussi dans le secteur du commerce, la société commence à se rendre compte de l’importance des salariées où, encore une fois, ce sont majoritairement des femmes qui occupent les postes qui sont en contact directe avec la clientèle et qui sont donc particulièrement exposées au risque sanitaire, comme les caissières, les vendeuses, les coiffeuses.
Les femmes n’assument pas seulement la plus grande partie du travail du CARE rémunérée mais elles sont, également, les principales dispensatrices de soins à la maison, celles qui prennent soin des enfants, des malades, des personnes âgées et qui assument la plus grande partie du travail domestique.
Le télétravail a, pour beaucoup de femmes, lourdement augmenté leur double charge de travail en effaçant les frontières entre la vie privée et professionnelle. En plus, et sans surprise, les femmes ont été aussi les principales bénéficiaires du congé pour des raisons familiales extraordinaire dans presque tous les secteurs (majoritairement utilisé par les parents d’enfants de moins de 13 ans).
Dans ce cadre, il est indispensable de soulever la problématique des familles monoparentales au Luxembourg, où 82% des familles monoparentales ont une femme à leur tête. Nombreuses ont perdu leur travail ou disposent d’une rémunération salariale très maigre. Celles qui pouvaient avant compter sur leur famille ne peuvent aujourd’hui et dans un futur proche plus en bénéficier, vu que la plus grande partie des personnes qui normalement assument ces rôles, sont aujourd’hui considérées les plus vulnérables face au Covid-19.
Le Covid a également affecté de façon disproportionné les communautés migrantes, les sans-papiers ou les personnes en situation irrégulière. Les femmes qui se retrouvent dans cette situation sont impactées de multiples façons, non seulement elles perdent souvent leur emploi sans compensation en retour car elles n’étaient pas déclarées, mais en plus elles n’ont pas accès à de nombreuses aides sociales. La souffrance des femmes afro-descendantes, qui en temps normal cumulent déjà la charge mentale et raciale, la perpétuation des conditions de travail déplorables et la surexposition à l’épuisement et la maladie. Leurs conditions de vie et de travail généralement plus mauvaises font qu’elles sont aussi plus exposées au Covid-19. En sachant que toutes ces femmes doivent encore subir chaque jour un surcroît de racisme ordinaire.
Les femmes en situation de handicap, elles aussi devient encore plus exposées et assujettis à encore plus de difficultés à cause de l’isolation, la manque d’information accessible à toutes et à cause de la manque des relations interpersonnels fondamentales, provenant des limitations à l’accès à l’école, à la santé, à la réhabilitation et à la mobilisation.
En réflexion sur toutes ces inégalités socio-économiques, la crise du logement, en pleine pandémie Covid-19, devient elle aussi un problème de femmes, une fois lié aux inégalités salariales qui persistent au Luxembourg. Les femmes gagnent 5% moins que les hommes pour le même travail, elles représentent 6 fois plus de contrats à temps partiel que les hommes et la différence est de 43% à la retraite. Ainsi, si les femmes gagnent moins, cela veut dire que les femmes payent plus, proportionnellement, en loyer. La situation devient encore pire pour les femmes en situation vulnérable, une fois qu’elles doivent encore subir de discrimination à la recherche d’un logement. Par conséquent, cette insécurité compromet l’émancipation et l’indépendance des femmes qui, dans des cas plus extrêmes, doivent choisir entre la pauvreté et la violence.
De ce fait, le confinement est devenu une situation à risque pour les personnes victimes de violences domestiques, comme on a pu le constater depuis le tout début de la pandémie en mars et qui s’est amplifié dans les mois qui ont suivi. En 2019, le nombre d’interventions de la police pour violences domestiques a été de 849, plus 110 qu’en 2018. Dans 64% des cas la victime était une femme.
La communauté LGBTIQ+ quie, déjà en temps hors-crise, fait l’expérience de violences et de mal être à cause de leur identité de genre, leur sexualité, leur expression de genre et leurs caractéristiques sexuées, ont aussi senti l’aggravement de certaines formes de marginalisation. À noter que le fait d’être LGBTIQ+ n’est pas le seul fait qui rend la personne en question vulnérable,mais aussi l’appartenance à d’autre groupes sociaux stigmatisés.
En résumé, le Covid-19 a accentué des inégalités déjà existantes. Que ce soit le travail du care, le logement ou la violence faites aux femmes, nous devons lutter sur différents fronts, nous battre pour maintenir nos acquis et participer à la conception de sociétés après Covid plus égalitaires et justes pour les femmes, indépendamment de leur origine, de leur classe socio-économique, de leur identité de genre, de leur identité raciale ou de leur statut administratif.
The Covid-19 related health crisis that we have been experiencing on a global scale since March has become a revelation of socio-economic injustices throughout our society. Luxembourg is no exception.
This pandemic is reproducing and aggravating gender inequalities and violence against women, as well as the marginalization of already vulnerable groups: homeless people, irregular migrants, asylum seekers and refugees. Through this crisis we have seen that women’s paid work is more concentrated in the care sector or in services where working conditions are often not stable or properly remunerated.
The first line in the fight against the health crisis has been provided by sectors traditionally considered as « feminine », such as the health sector, the social work sector, where women constitute 76% of employees, and in the cleaning sector, where women represent 83% of the staff, 75% of which are of two nationalities: Portuguese and French. Even if, in the health sector for example, nurses and care workers have been given pride of place, the working conditions are often very exhausting. In fact, recently, given the exponential increase in the number of new Covid-19 infections, it is now possible for employers in these sectors to apply for authorization to have the personnel in question to work up to a maximum of 12 hours per day and therefore, 60 hours per week. This law extends until December 31, 2020.
Also in the commercial sector, the society is beginning to realize the importance of its employees, where, once again, it is mostly women who occupy the positions that are in direct contact with customers and are therefore particularly exposed to health risks, such as cashiers, saleswomen, hairdressers.
Not only do women do most of CARE’s paid work, but they are also the primary caregivers in the home, caring for children, the sick, the elderly, and do most of the domestic work.
Teleworking has, for many women, greatly increased their double workload by blurring the boundaries between private and professional life. In addition, and not surprisingly, women have also been the main beneficiaries of extraordinary family leave in almost all sectors (mostly used by parents of children under 13 years of age).
In this context, it is essential to raise the issue of single-parent families in Luxembourg, where 82% of single-parent families are headed by women. Many of them have lost their jobs or have a very meagre salary. Those who used to be able to rely on their families cannot benefit from them any more today and in the near future, since the majority of people who normally assume these roles are now considered the most vulnerable to Covid-19.
The covid has also disproportionately affected migrant communities, undocumented or irregular migrants. Women who find themselves in this situation are impacted in multiple ways, not only do they often lose their jobs without compensation because they were not registered, but they also lack access to many social benefits. The suffering of Afro-descendant women, who normally already cumulate the mental and racial burden, the perpetuation of deplorable working conditions and overexposure to exhaustion and illness. Their generally poorer living and working conditions also make them more exposed to Covid-19. Knowing that all of these women still have to endure more ordinary racism every day.
Women with disabilities also become even more exposed to even more difficulties because of isolation, the lack of information accessible to all and because of the lack of basic interpersonal relationships, resulting from limitations in access to school, health, rehabilitation and mobilization.
Reflecting on all these socio-economic inequalities, the housing crisis, in the midst of the Covid-19 pandemic, also becomes a women’s problem, once linked to the wage inequalities that persist in Luxembourg. Women earn 5% less than men for the same work, they represent 6 times more part-time contracts than men and the difference is 43% at retirement. Thus, if women earn less, it means that women pay more, proportionally, in rent.
The situation becomes even worse for women in vulnerable situations, once they still have to endure discrimination when looking for housing. Consequently, this insecurity compromises the emancipation and independence of women who, in more extreme cases, have to choose between poverty and violence.
As a result, confinement has become a risky situation for those who are victims of domestic violence, as we have seen since the very beginning of the pandemic in March and which became more acute in the months that followed. In 2019, the number of police interventions for domestic violence was 849, more 110 than in 2018. In 64% of cases the victim was a woman.
The LGBTIQ+ community who, already in non-crisis times, experience violence and harm because of their gender identity, sexuality, gender expression and gendered characteristics, have also felt the aggravation of certain forms of marginalization. It should be noted that the fact of being LGBTIQ+ is not the only fact that makes the person in question vulnerable, but also the fact of belonging to other stigmatized social groups.
In summary, Covid-19 has accentuated already existing inequalities. Whether it is care work, housing or violence against women, we must fight on different fronts, fight to maintain our gains and participate in the design of post-covid societies that are more egalitarian and just for women, regardless of their origin, socio-economic class, gender identity, racial identity or administrative status.