Le travail du care, c’est quoi au fait?

Déc 28, 20200 commentaires

Le travail du care, c’est quoi au fait ?

Le travail du care se traduit difficilement en français, littéralement c’est le travail des soins. Par contre quand on parle de care, on parle de soins au sens le plus large du terme. Cela peuvent être des soins à la personne, mais aussi des « soins » aux choses, de la maintenance.

Le travail du care consiste donc en deux activités qui se chevauchent : les activités de soins directs, personnelles et relationnelles, comme nourrir un bébé ou prendre soins d’un membre de la famille; et les activités de soins indirects, comme faire la cuisine, s’occuper du linge ou faire le ménage.

Le travail du care peut être rémunéré ainsi que non rémunéré.

Le travail du care non rémunéré est un travail de soins fourni sans récompense monétaire, souvent dans la sphère domestique. Par contre le care non rémunéré est considéré comme un travail qui a une dimension essentielle pour notre société. C’est grâce au travail de soins presté dans les ménages que notre société peut continuer à fonctionner, surtout dans les circonstances actuelles. Je n’ai pas besoin de souligner que ce travail est en grande majorité presté par des femmes et je vous défis d’analyser la situation dans votre propre ménage : qui fait le ménage, la cuisine, prends soins des enfants quand ils sont malades etc. Bien que la situation s’améliore au fil du temps, les femmes continuent à faire 4 fois plus de travail domestique que les hommes.   

Il est important de souligner que la majorité du travail du care dans le monde est effectuée par des personnes non rémunérées, principalement des femmes et des filles issues de groupes socialement défavorisées. Le travail du care non rémunéré est un facteur clé qui détermine à la fois l’entrée et le maintien des femmes dans la vie active et la qualité des emplois qu’elles exercent. Quand le travail du care est excessif et implique un degré élevé de pénibilité, il entrave les opportunités économiques et le bien-être de ces femmes non rémunérées, et réduit leur jouissance globale des droits. Si vous devez prendre soins des ainées dans votre famille, des enfants ou peut-être d’un dépendant en situation de handicap, votre liberté est évidemment fortement réduite.

Le travail du care rémunéré, lui, est effectué contre rémunération. Cela comprend un large éventail de travailleurs et travailleuses allant des services à la personne, tel que le personnel soignant. Mais aussi les travailleuses domestiques et les agentes de nettoyage qui fournissent des soins indirects. Encore une fois, ce sont principalement les femmes qui font ces boulots et c’est tellement vrai qu’on est habitué à toujours décliner ces professions au féminin : femme de ménage, hôtesse de l’air, infermière ou assistante sociale.

Les travailleuses du care rémunérées sont souvent des migrantes, qui souvent travaillent dans l’économie informelle dans de mauvaises conditions et pour un faible salaire. L’émancipation des femmes d’un statut socio-économique plus élevés se fait souvent sur le dos de femmes migrantes, qui viennent remplacer le travail du care non rémunérée par du travail du care mal rémunéré. En étant très crue, nous les femmes blanches, bénéficions souvent d’un degré de liberté et d’émancipation grâce au travail mal rémunéré des femmes racisées.

Le travail du care, qu’il soit rémunéré ou non, est crucial pour l’avenir et dans la lutte pour plus d’égalité. La croissance démographique, le vieillissement des sociétés, l’évolution des familles, le statut secondaire des femmes sur le marché du travail et les lacunes des politiques sociales exigent des gouvernements, des employeurs, des syndicats et des citoyens qu’ils prennent des mesures urgentes pour organiser le travail du care. 

Lors de notre campagne nous utiliserons également d’autres termes tel que « la charge mentale » ou « le travail affectif ».

La charge mentale c’est cet épuisement que vous ressentez parce que vous devez penser à tout, tout le temps, pour assurer le bon fonctionnement de votre foyer.

Est-ce qu’il y a encore assez d’adoucissant pour faire les lessives demain, je dois encore penser à contester cette facture, ah oui il ne faut pas que j’oublies de mettre les bouteilles au frais pour les invités demain et mince il faut que je signe le carnet de notes des enfants. Et c’est quand vous craquez parce que votre mari a oublié que votre cadet avait entrainement de foot aujourd’hui qu’il vous dit : il fallait me dire que tu avais besoin d’aide. Si vous êtes une femme, engagée dans une relation hétérosexuelle, cette scène a de grandes chances de vous sembler familière. Eh oui, même dans les foyers ou le partage des tâches semble être égalitaire, c’est souvent la femme qui organise tout ce travail.  

Nous utiliserons également le concept de « travail affectif ». Le travail affectif est le travail visant à produire ou à modifier des expériences émotionnelles chez d’autres personnes. Maintenant que nous nous approchons de noël, imaginez cette scène : vous organiser un repas de famille chez vous, vos deux enfants ados s’ennuient et passent trop de temps sur leur téléphone ce qui irrite votre mari. Lui est assis avec son frère et discute politique. Votre beau-père a déjà un peu trop bu et vous surveillez si ça va. Votre belle-mère elle trouve le repas un peu trop salé. Vous faites un effort fou pour que tout le monde soit content, qu’il n’y ait pas de tensions. Vous apaisez la situation entre les enfants et votre mari. Bien sûr je joue sur des stéréotypes, mais je pense que beaucoup de femmes comprendront de quoi je parle. Que ce soit dans notre vie privée ou au travail, on nous demande ce travail affectif. Sois gentil et souris. Douce et à l’écoute. Il est important d’aider le client ou ton collègue à se sentir bien.

Le travail du care, la charge mentale ou le travail affectif, tout cela a gagné en ampleur depuis la crise sanitaire liée au Covid-19 et il est donc primordiale de continuer à en parler.