Manifeste Grève des Femmes*

Nov 22, 20190 commentaires

Tu peux être aussi féministe que tu veux. Quand ton enfant est malade, ça sera toujours toi qui n’iras pas au travail à la fin.

Julie a 29 ans et est employée communale. Elle a arrêté de travailler comme animatrice d’ateliers de peinture, qui était sa passion, pour avoir des horaires de travail réguliers et passer plus de temps avec sa fille.

Son compagnon, Théo, père de leur fille Nina, qui a 2 ans, travaille comme indépendant dans un bureau d’architectes. Ce n’est pas que Théo ne veuille pas s’occuper de sa fille, mais il sait qu’à son travail on n’appréciera pas qu’il prenne congé pour soigner son enfant et puis, il ne peut pas risquer de rater des contrats. Même s’il gagne en moyenne davantage que Julie, il n’a pas la sécurité de l’emploi ni les mêmes conditions pour prendre congé.

Quelque part, Julie sent qu’elle a dû faire un sacrifice là où Théo ne voyait pas la nécessité d’en faire. 

C’est une injustice dont beaucoup de femmes font l’expérience, celle d’être cantonnée à leur rôle de mère, d’assistante ou de béquille, les incitant à prendre en charge un travail d’organisation, de soin et de prévoyance au détriment de leurs autres intérêts, devoirs et envies. Comment y échapper ? Comment faire pour qu’aider ses proches, éduquer ses enfants ou encore s’occuper des tâches ménagères soit considéré comme étant de la responsabilité de tout un chacun, quel que soit le genre ? Comment faire pour que ce travail non-rémunéré n’entre pas en concurrence avec le travail rémunéré ? Comment arriver à une prise en charge égalitaire entre les femmes et les hommes ?

Il faut éviter que l’altruisme et l’empathie, qui sont des qualités précieuses, deviennent pénalisants pour les femmes.

Que vous vous appeliez Julie, Karima, Sandy, Djalika, Lou ou Renata… Que vous soyez jeunes ou âgées, d’ici ou d’ailleurs, avec ou sans enfants, célibataires, en union, pacsées, mariées ou divorcées, en bonne santé, malades ou en situation de handicap,… Vous connaissez toutes la même chanson, celle qui vous dicte ce que doit être ou faire une femme, celle qui vous rappelle à l’ordre quand vous ne correspondez pas à l’image de la femme « parfaite », celle qui raconte que votre travail rémunéré vaut moins que celui des hommes ou bien que le travail de soin, de nettoyage et d’éducation que vous faites au quotidien n’est pas un vrai travail.

Il est temps de reconnaître ce travail indispensable pour le fonctionnement de notre société, comme un véritable travail productif, respectable et équitablement partagé entre les hommes et les femmes !

Pendant trop longtemps, ce travail est resté invisible et déconsidéré car estimé comme allant de soi, ou d’une importance secondaire par rapport aux tâches et activités effectuées traditionnellement par des hommes.

C’est le cas au Luxembourg ! Alors que 34% des femmes travaillent à temps partiel contre 6 % pour les hommes, elles sont 58% à déclarer qu’elles le font pour des raisons familiales. « Cette situation a des répercussions sur les pensions de vieillesse. Ainsi 44% des femmes bénéficiaires d’une pension de vieillesse ont seulement droit à une pension minimale (1 726, 135 euros en 2015). Pour les hommes ce pourcentage est de 4,5% »

Ensemble faisons taire cette insupportable rengaine et rejoignez la grève des femmes !
Pour celles que les conditions de travail, la situation précaire ou d’autres obstacles injustement imposés, empêchent de faire grève, manifestez votre colère et votre envie de changement par des actions diverses !
Nous sommes femmes, fières et solidaires !