• La reconnaissance des violences fondée sur le genre comme motif de persécution permettant l’octroi du statut de réfugié ou de la protection subsidiaire.
• Un suivi statistique détaillé des demandes d’asile liées aux violences de genre et des protections accordées.

Les femmes et filles victimes de violences doivent être protégées sans condition quelle que soit leur statut. Les femmes migrantes, particulièrement les ressortissantes de pays tiers, font partie des populations les plus vulnérables. Aujourd’hui, dans la pratique, les femmes en situation administrative irrégulière et victimes de violences et/ou d’exploitation grave par le travail n’ont pas accès à la protection et à la justice au même titre que les autres femmes. En l’occurrence, en cas de dépôt de plainte, elles risquent l’ouverture d’une requête d’expulsion du territoire à leur égard. Elles rencontrent aussi de grandes difficultés à être accueillies dans des structures d’hébergement destinées aux victimes de violence.

Ainsi, la JIF demande :

• Une prise en charge prioritaire des violences subies, indépendamment du statut administratif. Une suspension des mesures d’éloignement pour toute la durée de la procédure de prise en charge pour violences à leur encontre. L’octroi d’un titre de séjour temporaire et indépendant donnant accès au travail.
• La création d’un centre spécialisé pour les femmes migrantes et sans titre de séjour, conformément à l’accord de coalition 2023-2028.
• L’adoption d’une directive nationale garantissant l’accès inconditionnel aux foyers d’accueil pour toutes les victimes de violence, indépendamment de leur statut administratif en cohérence avec les engagements pris lors de la ratification de la Convention d’Istanbul. Les protocoles d’accueil devraient prioriser la protection des victimes sans discrimination et impliquer les équipes des foyers, formées pour comprendre les réalités spécifiques des femmes en situation de séjour irrégulier.

Bien que l’égalité salariale entre hommes et femmes soit presque atteinte en termes de rémunération horaire et de salaire annuel à temps plein équivalent (hors primes), un écart d’environ 10 % persiste lorsqu’on examine le salaire annuel moyen effectif (hors primes). Cet écart s’explique par une durée de travail inférieure de 10 % en moyenne pour les femmes par rapport aux hommes, principalement en raison du recours plus fréquent au travail à temps partiel. En effet, 36 % des femmes sont concernées par ce type de contrat, contre moins de 8 % des hommes.

De nombreuses femmes sont encore défavorisées en matière d’accès à des postes à haute responsabilités et perçoivent des primes inférieures à celles et eux accordées à leurs collègues masculins.

Ainsi, la JIF demande :

• Une base législative renforcée pour encourager les entreprises à conclure davantage de conventions collectives avec les syndicats et garantir la transparence des salaires et des primes.
• La mise en place par l’employeur d’une personne chargée de l’égalité pour travailler conjointement avec la personne déléguée à l’égalité afin d’élaborer des formations et suivre l’évolution de la parité en entreprise.
• L’obligation pour les entreprises de plus de 10 employé·e·s de se faire certifier le respect de l’égalité salariale. A l’image de ce qui se fait en Islande.

En 2024 au Luxembourg, les femmes retraitées perçoivent une pension en moyenne 38 % inférieure à celle des hommes. Cet écart reflète les inégalités salariales, mais surtout l’impact des interruptions de carrière et du travail à temps partiel, souvent assumés par les femmes pour s’occuper de leur famille. De plus, les femmes veuves sont particulièrement exposées à la précarité financière à la retraite.

Ainsi, la JIF demande :

• La mise en place les conditions nécessaires pour permettre un partage égalitaire du travail du care dans la famille et la valorisation du travail des femmes sur le marché du travail, à savoir :
• Réduire le temps de travail hebdomadaire sans perte de salaire pour toutes et tous, permettant ainsi de réduire la charge quotidienne des femmes.
• Mettre fin aux politiques fiscales qui encouragent encore aujourd‘hui le “retour au foyer” des femmes travailleuses. Pour un couple marié ou pacsé, il est fiscalement plus avantageux que l‘un des partenaires gagne considérablement moins que l‘autre. 
• Autoriser le splitting des pensions, permettant de partager les droits acquis durant le mariage, y compris en cas de divorce pour celles et ceux sans assurance volontaire.
• Augmenter les baby-years pour les périodes non travaillées, en les portant de 2 à 4 voire 6 ans pour celles et ceux ayant réduit ou interrompu leur carrière après une naissance, afin de maintenir une base cotisable.
• Introduire une fiscalisation individuelle.
• Faciliter l’accès au congé parental pour les intérimaires et les titulaires de contrats à durée déterminée. Continuer à encourager son usage par les hommes en changeant les mentalités en famille et en entreprise.

La JIF se positionne également contre toute tentative du gouvernement d’affaiblir le système de pension et d’aggraver par conséquent le sort des femmes futures retraitées. Pour prévenir la précarité des retraité·e·s et informer les femmes sur leurs droits à la retraite, la JIF demande :

• Une augmentation de la retraite minimum au niveau du salaire social minimum.
• D’informer systématiquement les personnes réduisant ou interrompant leur activité des possibilités d’assurance volontaire et des impacts sur leur pension, via un courrier automatique du CCSS. Cette information devrait être rappelée périodiquement, en incluant les options de rachat.

Au Luxembourg, les familles monoparentales dont la majorité sont des femmes sont les plus exposées au risque de pauvreté. Pour la JIF, il est indispensable d’agir rapidement.

Ainsi, la JIF demande :

• De mettre fin à la situation injuste des travailleurs pauvres en augmentant substantiellement le salaire social minimum (SSM) pour permettre des vies dignes.
• L’octroi d’une indemnité pécuniaire de maternité et, plus tard, d’une indemnité de congé de naissance à toutes les personnes sans période de stage, également à celles et eux qui ne touchent pas un salaire mais un revenu de remplacement (p.ex. chômage) ou qui se trouvent dans une mesure d’emploi afin de lutter contre la précarité des mères.
• Le droit au logement digne pour toutes et tous par un plafonnement des loyers, une trêve des expulsions et une véritable lutte contre le logement insalubre en promouvant l’assainissement et la rénovation énergétique des logements.
• Le droit à l’indemnité de chômage pour les personnes ayant des contrats de moins de 16 heures (pratique courante dans le secteur du nettoyage qui emploie majoritairement des femmes).
• La mise à disposition d’un nombre suffisant de crèches et foyers de garde publics et gratuits, accessibles en transports en commun, et encourager la création de crèches d’entreprise pour les moyennes et grandes entreprises ou mutualisées entre plusieurs entreprises d’un même secteur.

En outre, la JIF s’oppose à la libéralisation des horaires d’ouverture dans le commerce et du travail le dimanche. Une grande partie des salarié·es concerné·es sont des femmes, souvent frontalières, déjà confrontées à des conditions de travail précaires et ayant des horaires mettant à mal l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Cette mesure impactera l’ensemble des familles, réduisant le temps partagé. Les familles monoparentales feront face à un manque de solutions de garde, et celles et ceux sans voiture devront composer avec des transports en commun limités. Il est enfin irréaliste de penser qu’un·e salarié·e puisse négocier librement son refus de travailler le dimanche face à son employeur.

Une avancée notable est l’ajout d’un chapitre sur les circonstances aggravantes dans le Code pénal (Projet de loi 8032). Il prévoit une aggravation des peines pour les infractions motivées par des discriminations liées au sexe, à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle, à l’origine, ou à d’autres critères protégés par l’article 454.

Cet article permet d’amorcer un chiffrage des féminicides en tenant compte de la violence de genre. Cependant, le Code pénal ne définit toujours pas le féminicide, ce qui empêcherait sa reconnaissance en tant que crime spécifique. La JIF revendique formellement l’incrimination des féminicides.

Ainsi, la JIF demande :

• L’inscription du féminicide dans le Code pénal pour lutter efficacement contre toutes les violences faites aux filles et aux femmes, comme prévu par la Convention d’Istanbul. Par féminicide, nous entendons « le meurtre intentionnel de femmes parce qu’elles sont des femmes », selon la définition de l’ONU. La majorité de ces crimes sont commis par des partenaires ou ex-partenaires. Son inscription dans le Code pénal permettrait un recensement distinct des homicides, améliorant ainsi la compréhension et la prévention du phénomène.
• La mise en place d’un suivi continu des féminicides avec des données détaillées (circonstances, mobile fondé sur le genre, profil des victimes et des auteurs), comme recommandé par l’EIGE en 2022, afin d’analyser ces crimes sous un prisme intersectionnel.

Nous avons besoin d’un système judiciaire capable de traiter efficacement les plaintes des victimes. Il est essentiel que leur parole soit d’abord entendue et accueillie par des professionnel·les formé·es aux discriminations de genre, de sexe, d’origine ou de statut administratif, afin d’établir un premier procès-verbal servant de base à l’enregistrement officiel de la plainte dans un bureau de police.

Ainsi, la JIF demande :

• Le rallongement des délais de prescription pour les infractions sexuelles envers les personnes majeures. Cela est déjà le cas pour les mineurs.
• La simplification du système d’enregistrement et de suivi des plaintes.
• Une assistance juridique pour toutes les victimes de violences domestiques indépendamment de leur niveau de revenu.

• Une police spécialisée pour la prise en charge des victimes de violence et notamment des victimes de violence sexuelle.

Les violences gynécologiques et obstétricales, qu’il s’agisse d’actes non consentis, de pratiques médicales abusives ou d’un manque de respect envers les patientes, demeurent un problème sous-estimé. Elles affectent profondément la santé physique et psychologique des personnes concernées et entravent leur accès à des soins dignes et respectueux. Il est essentiel de reconnaître ces violences, de former les professionnel·les de santé et de garantir aux patientes des droits renforcés pour une prise en charge fondée sur le consentement et la bienveillance.

Ainsi, la JIF demande :

• La création d’un bureau de plaintes neutre (Schlichtungsstelle) pour les personnes victimes de violences gynécologiques et/ou obstétricales (VGO). En concertation avec les patient·es et le personnel de santé (gynécologues, sage-femmes, obstétricien·nes), il est essentiel d’établir une définition juridique des VGO, en intégrant les personnes trans, intersexes et non-binaires dans les études, projets et mesures de lutte contre ces violences.
• La collecte de données statistiques précises et régulières sur les violences gynécologiques et obstétricales.
• Le renforcement du pouvoir d’initiative et de diagnostic des infirmier·ères et aides-soignant·es dans la prise en charge des patient·es.
• La clarification des définitions de l’erreur thérapeutique et de diagnostic, ainsi que la mise en place d’une instance de conciliation indépendante, sur le modèle allemand, pour éviter un recours systématique aux tribunaux. Des médecins et/ou juristes indépendants évalueront la présence d’une erreur médicale ou diagnostique.

La JIF revendique également la mise en place de mesures concrètes pour combattre les mutilations génitales féminines, à savoir :

• L’élaborer d’une stratégie nationale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) au Luxembourg, aujourd’hui inexistante.
• Le renforcer des mesures en cas de risque de mutilation génitale féminine de filles ou femmes se trouvant au Luxembourg.
• La mise en œuvre des mesures de sensibilisation au public et un protocole de suivi pour les autorités judiciaires. 

La JIF se positionne clairement contre les certificats de virginité. Cette pratique n’est pas courante chez les médecins au Luxembourg et un tel certificat n’a aucune valeur d’un point de vue médical, cependant les femmes qui demandent un tel certificat agissent très souvent sous la pression de leurs familles respectives. La JIF reconnaît la volonté politique d’interdire les examens et les certificats de virginité et soutient les objectifs :

• D’interdire la pratique des examens de virginité, ainsi que la délivrance des certificats de virginité.
• D’interdire l’incitation d’une personne à se soumettre à un examen de virginité.

La JIF insiste toutefois sur l’importance de la sensibilisation afin de prévenir la diffusion de discours erronés fondés sur des stéréotypes sexistes concernant la sexualité des filles et des femmes. Nous proposons de recenser ces demandes et d’apporter aide et soutien aux femmes concernées.

Le contexte actuel révèle une montée inquiétante des tendances antiféministes, mettant en péril les avancées en matière d’égalité des genres. Les discours réactionnaires et les attaques ciblant les droits des femmes et des minorités de genre, en particulier des personnes trans, se multiplient dans l’espace public, politique et numérique. La JIF demande un renforcement des actions contre ces idéologies, incluant des mesures de sensibilisation et des sanctions à l’encontre de ceux qui propagent ces discours de haine. Le cyberharcèlement, devenu un véritable fléau, impacte profondément les victimes en brisant des vies. Il est urgent de mettre en place une régulation stricte des plateformes numériques, ainsi que des dispositifs de protection et de soutien efficaces pour les personnes ciblées.

Ainsi, la JIF demande :

• La mise en place de sanctions effectives contre le cyberharcèlement et un suivi systématique des plaintes déposées.
• Une responsabilité accrue des plateformes numériques pour modérer activement les contenus sexistes, haineux et violents, afin de garantir un espace en ligne sûr et respectueux pour toutes et tous.
• Une surveillance renforcée des mouvements antiféministes à tendance criminelle.
• L’interdiction de publicités sexistes dans l’espace public, en encadrant et sanctionner les publicités véhiculant des stéréotypes de genre dévalorisants, afin de promouvoir une représentation plus égalitaire et respectueuse.

Les personnes LGBTIQ+ restent confrontées à des discriminations, des violences et des inégalités qui entravent leur accès aux droits fondamentaux. Il est essentiel de renforcer les protections juridiques, d’assurer une reconnaissance pleine et entière de leurs identités et de garantir un accès équitable aux services de santé, à l’éducation et au travail. La lutte contre la haine et les violences envers les personnes LGBTIQ+ doit être une priorité pour construire une société plus juste et inclusive.

Ainsi, la JIF demande :

• L’inclusion des besoins des personnes trans, intersexes et non-binaires dans les études, projets et mesures de lutte contre les VGO.
• L’interdiction des opérations génitales à la naissance des personnes intersexes, sauf en cas d’urgence médicale (mise en péril de leur vie). Cette urgence doit être dûment notifiée et prouvée aux tuteurs légaux.
• L’intégration d’un 3e genre dans les registres de l’état civil.

Il faut accorder davantage de droits aux familles arc-en-ciel en :

1. Remplaçant le « congé de paternité » de 10 jours par un congé de naissance de trois mois sans perte de salaire. Ce congé de naissance pourra être pris simultanément avec le congé de maternité et sera ouvert aux couples non-hétérosexuels. 
2. Inscrivant la « coparentalité » de principe dans la loi sur la filiation permettra d’inclure des modèles de parentalité autres que basés sur le couple hétérosexuel.

Un quart des enfants au Luxembourg sont menacés de pauvreté, une réalité qui accroît leur exposition aux violences et aux discriminations. Lutter contre la pauvreté infantile, c’est non seulement garantir leurs droits fondamentaux, mais aussi prévenir les violences en renforçant leur sécurité, leur bien-être et leurs perspectives d’avenir. Une protection sociale forte et un soutien aux familles les plus fragiles sont essentiels pour briser le cycle des inégalités et construire une société plus juste.

Ainsi, la JIF demande :

• Une étude approfondie sur la pauvreté infantile au Luxembourg pour mieux cerner et ainsi combattre la problématique.
• Une adaptation des aides en fonction des besoins des enfants et des familles monoparentales, souvent majoritairement composées de femmes.

Les enfants en situation de handicap subissent des discriminations et un accès inégal aux soins et à l’éducation. Mais cette inégalité ne touche pas seulement les enfants : ce sont encore très majoritairement les femmes qui assurent l’essentiel de l’accompagnement éducatif, médical et administratif de ces enfants, souvent au prix d’une surcharge mentale et d’un renoncement à une activité professionnelle.

Ainsi, la JIF demande :

• L’accélération des procédures de diagnostic pour éviter des années d’incertitude et d’errance médicale.
• La formation des professionnel·les à l’accompagnement des troubles psychiques et aux besoins spécifiques des enfants.
• L’inclusion scolaire avec un soutien personnalisé aux élèves et à leurs parents.
• Le développement des dispositifs d’accompagnement pour les familles, en particulier les mères qui prennent en charge ces enfants au quotidien, afin de réduire la précarisation et l’isolement des aidantes.

Les jeunes LGBTIQIA+ restent particulièrement exposé·es aux discriminations, au harcèlement et aux violences, y compris dans leur propre famille. Si l’évolution des mentalités a permis de mieux reconnaître leurs droits, l’accompagnement des parents reste insuffisant, laissant de nombreuses familles, et en particulier les mères, gérer seules le rejet social ou le manque d’informations adaptées.

Ainsi, la JIF demande :

• L’intégration des thématiques LGBTIQIA+ dans les programmes scolaires pour favoriser la compréhension et le respect dès le plus jeune âge.
• Une éducation affective et sexuelle inclusive et accessible tout au long de la scolarité, abordant non seulement les aspects biologiques, mais aussi les dimensions émotionnelles comme le consentement.
• La mise en place de structures de soutien pour les parents confrontés à des situations qu’ils ne savent pas toujours comment gérer, afin qu’ils puissent accompagner leurs enfants avec bienveillance et confiance.
• L’interdiction des interventions médicales non consenties sur les enfants intersexes, pour garantir leur droit à l’autodétermination.

Sans accompagnement, un·e mineur·e témoin ou victime de violences risque de reproduire ces schémas, que ce soit en tant qu’auteur·rice ou victime à l’âge adulte. L’exposition précoce à la violence normalise des comportements abusifs et fragilise les capacités à établir des relations saines et sécurisantes. Prévenir et prendre en charge ces situations dès l’enfance est essentiel pour briser le cycle des violences et protéger les générations futures.

Ainsi, la JIF demande :

• Un accès renforcé à un soutien psychologique sécurisé.
• Une éducation non-violente valorisant l’empathie et le respect.
• Des mécanismes de protection efficaces pour éloigner les enfants de milieux toxiques.
• Une formation accrue des professionnel·les pour identifier et agir face aux signaux d’alerte.

Protéger les enfants, c’est lutter contre les féminicides et les violences sexuelles. La prévention commence dès le plus jeune âge et doit être une priorité pour construire une société réellement égalitaire et sécurisée.